• Lettre de poilu (4)

                               Le Linge, le 2 janvier 1915.

    Ma bien-aimée Marie,

     

     Je profite d'un moment d'accalmie pour t'écrire. Je suis encore vivant et en bonne santé, je ne suis même pas blessé alors que presque tous mes camarades sont tombés ou souffrent l'enfer à cause de leurs blessures.

    Mon régiment se trouve actuellement dans les Vosges. Quand nous sommes dans les tranchées, les boches ne nous laissent pas tranquilles. Le froid et le gel rendent les choses plus difficiles mais le fait de penser à toi me réchauffe le cœur. J'aimerais tellement avoir et des chaussettes chaudes.

    Je ne peux pas dire que la nourriture sois bon et qu'elle vienne à temps. En effet, la vie militaire est vraiment affreuse ; nous sommes couverts de poux, nous sentons mauvais, nous manquons de sommeil. Depuis hier nous creusons. Je tombe de fatigue. Ici nous sommes dans la mouise. Nous avons commencé à envoyer des obus vers l'ennemi. Les tirs n'arrêtent pas d'un côté comme de l'autre.

    Les blessés et les morts ne se comptent plus. Cette guerre nous rend complètement fous mais nous sommes obligés d'obéir à tous les ordres sous peine d'être mis aux arrêts.

    J'espère vous revoir toutes les trois. Embrasse les petites pour moi. Je vous écrirai dès que je le pourrai.

    Bien à toi,

    Ton Max.

    (Sanem Aktas 3°1)